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Mise en évidence d’une enzyme clé pour des immunothérapies plus efficaces et durables

18/07/2022
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Une étude menée par des chercheurs de l'Institut Curie en collaboration avec Mnemo Therapeutics, spin-off de l’Institut Curie, vient de mettre en évidence une nouvelle activité d'une enzyme. Celle-ci joue un rôle clé dans la persistance, l'activation et l'épuisement des lymphocytes T. Ces travaux pourraient ouvrir la voie à de nouvelles immunothérapies plus efficaces et plus durables.

Centre Immunothérapie des Cancers à l'Institut Curie

Centre d'Immunothérapie des Cancers à l'Institut Curie

Publiée dans Nature Communications le 29 juin dernier, une étude menée par les équipes de Sebastian Amigorena, directeur de recherche au CNRS à la tête de l’équipe Réponses immunitaires et cancer (Institut Curie, Inserm) et Eliane Piaggio, directrice de recherche Inserm et cheffe de l'équipe Immunothérapie translationnelle (Institut Curie, Inserm), vient de démontrer que « Suv39h1 », une enzyme histone lysine méthyltransférase, joue non seulement un rôle clé dans la persistance des lymphocytes T, mais également dans leur activation et leur épuisement. Or, l'épuisement et le manque de persistance de ces cellules immunitaires constituent les limitations majeures des immunothérapies actuelles, en affectant leur efficacité et leur durabilité. Cette étude a été menée en collaboration avec Mnemo Therapeutics[1], spin-off de l’Institut Curie dont Sebastian Amigorena est co-fondateur.

Des travaux antérieurs menés par l’équipe de Sebastian Amigorena, dont la licence exclusive a été accordée à Mnemo Therapeutics, ont déjà mis en lumière le rôle clé de l'enzyme Suv39h1 dans la régulation épigénétique de la mémoire des cellules immunitaires. Les chercheurs ont également démontré que la suppression de Suv39h1 entraîne une mémoire accrue des cellules immunitaires et des réponses thérapeutiques plus durables. Les recherches présentées dans cette nouvelle étude montrent que Suv39h1 est un facteur clé dans la régulation de l'épuisement des lymphocytes T.

Comme on le sait, la puissance des traitements actuels, tels que les inhibiteurs de points de contrôle immunitaires (comme les anti-PD-1[2]), est limitée par la stimulation répétée des lymphocytes T dans un environnement riche en tumeurs, ce qui entraîne l'épuisement des lymphocytes T. L'étude actuelle montre que Suv39h1 agit comme un inhibiteur de point de contrôle épigénétique qui, lorsqu'il est couplé à un traitement anti-PD-1, entraîne une augmentation de l'activité des lymphocytes T et une diminution de leur épuisement.

 

déclare Sebastian Amigorena.

L’inactivation de Suv39h1 pourrait alors constituer un levier inédit pour améliorer l'activation et la persistance des cellules T tout en diminuant leur épuisement. Cette découverte va permettre à Mnemo Therapeutics de développer de nouvelles immunothérapies à la durabilité et à l'efficacité augmentées.

Des limitations en terme de puissance, durabilité et cibles spécifiques au cancer, entravent l'efficacité des immunothérapies actuelles, entraînant des effets secondaires hors cible et la rechute des patients. Parallèlement à notre moteur de découverte EnfiniT qui identifie de nouvelles cibles cancéreuses, cette recherche démontre l'engagement de Mnemo à s'attaquer aux multiples goulots d'étranglement de l'efficacité de l'immunothérapie, ainsi qu'à apporter des solutions aux patients.

ajoute Alain Maiore, cofondateur et directeur des opérations de Mnemo Therapeutics.

[1] Spécialisée dans le développement d’immunothérapies transformationnelles qui améliorent la capacité de l'organisme à combattre et à vaincre le cancer, Mnemo Therapeutics a bénéficié depuis 2016 du programme d’incubation de l’Institut Curie avec l’accompagnement des fondateurs scientifiques dans les différentes étapes qui ont conduit à la création de la société.

[2] PD-1 est une protéine présente à la surface des lymphocytes T et est une composante du point de contrôle immunitaire PD-1/PD-L1. Le lymphocyte T peut interagir via PD-1 avec une cellule tumorale présentant PD-L1 à sa surface. Cette interaction inactive le lymphocyte T et par conséquent, inactive un des mécanismes de défense du système immunitaire contre les cellules tumorales. Le blocage du point de contrôle immunitaire par les anticorps anti-PD-1 ou anti-PDL-1, en empêchant l’interaction entre PD-1/PD-L1, permet de lever l’inactivation du système immunitaire, qui peut donc à nouveau combattre la cellule tumorale.

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