Cancer du sein et chimiothérapie

La prise en charge des récidives du cancer du sein

21/09/2022
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L’Institut Curie jouit d’une expérience de longue date et sans cesse renouvelée dans le soin des cancers du sein. De nombreuses stratégies sont mises en œuvre pour éviter les rechutes, et quand elles ne peuvent être évitées, les prendre en charge le mieux possible.

À l’Institut Curie, la grande expertise des radiologues est une première garantie de prise en charge optimale des cancers et du risque de récidive. 

Un radiologue revoit systématiquement tous les dossiers et tous les clichés réalisés ailleurs avant l’entrée en traitement d’une patiente. Cela conduit à modifier la prise en charge dans environ 10 % des cas

Explique le Dr Adriana Langer, du service de radiodiagnostic de l’Institut Curie.

La chirurgie : le premier pas de la prise en charge

Dans le cas d'un cancer du sein, les médecins tentent autant que possible de préserver le sein de la patiente, en enlevant uniquement la tumeur.

On retire néanmoins une marge de sécurité de 5 mm à l’examen macroscopique autour des tissus malades. Un médecin anatomopathologiste examine la pièce opératoire directement au bloc afin de vérifier que ces marges sont suffisantes. S’il observe des tissus suspects à proximité de la limite de résection, le chirurgien retire une marge supplémentaire. Dans les jours qui suivent, les tissus retirés sont baignés de différents réactifs qui permettront aux anatomopathologistes de mettre en lumière les parties cancéreuses au microscope. Après cette seconde analyse plus fine, le chirurgien peut réintervenir si nécessaire

Détaille le Dr Claire Bonneau, chirurgienne sénologue à l’Institut Curie.

Sauf contre-indication, un traitement par radiothérapie vient compléter l’opération. Même en cas de mastectomie totale, il existe un risque que les ganglions lymphatiques situés au niveau de l’aisselle soient atteints par la maladie. Aujourd’hui, la technique du ganglion sentinelle consiste à retirer seulement le ou les premiers relais ganglionnaires. En cas d’atteinte de ces ganglions sentinelles, l’exérèse de toute la chaîne ganglionnaire, le curage ganglionnaire axillaire, sera discutée au cas par cas.

Les bénéfices de la radiothérapie contre les récidives

En cas de traitement conservateur, une radiothérapie vient compléter l’opération. Les oncologues radiothérapeutes disposent d’armes thérapeutiques contre la récidive. Chez les patientes jeunes, à risque élevé, un boost de radiothérapie est appliqué au niveau du lit opératoire de la tumeur. Le Dr Youlia Kirova et les autres oncologues radiothérapeutes de l’Institut Curie, ont participé à de vastes études internationales qui ont permis d’en démontrer les bénéfices[1],[2].

Dans le cas d’une atteinte ganglionnaire axillaire, les autres aires ganglionnaires seront irradiées pour éviter le risque de récidive. De même, en cas de mastectomie totale, une irradiation de la paroi thoracique est discutée au cas par cas. Toutes les précautions sont ainsi prises pour réduire le risque de récidive et préserver les organes à risque. La radiothérapie est adaptée à l’âge, l’état général et l’anatomie de la patiente. Les patientes âgées peuvent par exemple être traitées en seulement cinq séances si elles sont à faible risque de récidive.

L’Institut Curie est par ailleurs le seul établissement dont le personnel est formé à la radiothérapie en décubitus latéral : la patiente étant allongée sur le côté, les rayons peuvent être appliqués sur le sein malade sans risquer d’atteindre d’autres organes.

La surveillance post-traitement, premier outil d’alerte

Dans les cas de cancers hormonodépendants, l’accent doit être mis sur le suivi de l’hormonothérapie, à prendre pendant cinq à dix ans. Or, « 30 à 40 % des patientes ne vont pas au bout de leur traitement, notamment à cause des effets secondaires, ce qui souligne les besoins de prise en charge spécifique et d’éducation thérapeutique », regrette le Dr Cottu, chef adjoint du département d’oncologie médicale de l’Institut Curie. L’Institut Curie tente donc de mieux convaincre les patientes et de soulager autant que possible les effets indésirables qu’elles peuvent subir.

Le suivi des patientes post-traitement, afin de détecter une éventuelle récidive, passe également par l’imagerie.

Avec des mammographies annuelles ou une IRM pour les patientes à très haut risque, ainsi que des échographies selon les cas

Conclut le Dr Langer.

Quand, malgré toutes ces précautions, une récidive survient au niveau du sein traité, une seconde intervention par mastectomie totale est préconisée qui peut être suivie par une reconstruction mammaire dans le même acte chirurgical selon la morphologie du sein et les antécédents médicaux de la patiente.

[1]     https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27607734/
[2]     https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25500422