Unité Investigation Clinique

La recherche clinique sur les rechutes du cancer du sein

21/09/2022
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À la fois centre de recherche et centre hospitalier de pointe, l’Institut Curie dispose de tous les atouts pour mener de nombreux essais cliniques d’envergure internationale et contribuer ainsi de façon majeure aux progrès thérapeutiques, en particulier contre les cancers les plus agressifs et les plus sujets à récidive.

L’Institut Curie a reçu en 2021 un soutien majeur, de 9 921 000 €, du Programme d’investissements d’avenir afin de mettre au point de nouvelles thérapies cellulaires contre le cancer du sein et notamment les cancers dits triple négatif, particulièrement sujets aux récidives.

À partir de 2025, après une première phase de recherche appliquée menée en laboratoire et l’obtention de toutes les autorisations, dans le cadre d’un projet nommé EpCART, en collaboration avec le Dr Marion Alcantara de l’Ensemble hospitalier, 35 patientes de l’Institut Curie recevront leurs propres cellules immunitaires reprogrammées génétiquement afin de lutter contre leur cancer.

Ces cellules appelées CAR-T ont montré des résultats spectaculaires contre certains cancers du sang. Cette fois, nous allons les mettre au service de la lutte contre les tumeurs solides en utilisant une stratégie nouvelle : les manipuler au niveau épigénétique pour augmenter leur persistance une fois injectées chez la patiente

Détaille Sebastian Amigorena, directeur du centre d’Immunothérapie de l’Institut Curie.

Un domaine d’expertise dans lequel l’Institut Curie est reconnu au niveau international.

Une tentative de désescalade thérapeutique à l’aide de traitements plus ciblés

Toujours contre les cancers du sein triple négatif, l’Institut Curie compte déployer une autre stratégie, tout aussi innovante :

Contre ces cancers agressifs, on utilise aujourd’hui des traitements eux aussi agressifs. Nous allons donc tenter une désescalade thérapeutique, avec des traitements plus ciblés et moins toxiques, sans chimiothérapie

Explique le Dr Anne-Sophie Hamy-Petit, médecin gynécologue et oncologue à l’Institut Curie.

Avec le soutien du laboratoire AstraZeneca, une quinzaine de centres membres du réseau de l’EORTC sont en train de monter un essai baptisé NOBLE (EORTC 1984). Dans ce cadre, il est prévu que : 

l’Institut Curie centralise les analyses moléculaires pour l’ensemble des 455 patientes concernées pour déterminer celles qui sont porteuses de mutations des gènes BRCA ou d’une anomalie HRD qui les rend particulièrement sensibles aux inhibiteurs de PARP. Une partie d’entre elles recevra alors une molécule appelée olaparib (inhibiteur de PARP) seule ou combinée au durvalumab (immunothérapie, inhibiteur de PD-L1)

Détaille le médecin.

Ces deux médicaments devraient permettre à leur système immunitaire de mieux reconnaître les cellules cancéreuses et les combattre.

Les fibroblastes au cœur d’un nouvel essai clinique

Le Dr Fatima Mechta-Grigoriou, cheffe de l’équipe Stress et Cancer et directrice adjointe de l’unité Cancer, hétérogénéité, instabilité et plasticité  (Inserm U830 / Institut Curie), est la coordinatrice d'un projet soutenu par un investissement d'avenir de plus de 9 millions d'euros, baptisé CASSIOPEIA. Le projet se base sur son expertise de longue date sur les fibroblastes, cellules impliquées dans la propagation métastatique et les résistances aux traitements. 

La force de ce projet, c’est de détecter et cibler très spécifiquement les fibroblastes responsables des rechutes

Explique la spécialiste.

Avec l’implication de François-Clément Bidard, médecin chercheur en oncologie médicale, responsable du groupe de recherche translationnelle Biomarqueurs tumoraux circulants à l’Institut Curie,un premier volet du projet s’attachera à détecter ces fibroblastes, grâce à un radiotraceur jamais encore utilisé en France, le FAPI pour Fibroblast Activation Protein Inhibitor, et à le comparer à la mesure d’ADN tumoral circulant, une technique déjà utilisée. Un deuxième volet du projet, mené en partenariat avec l’Institut Roche, combinera deux immunothérapies, le tiragolumab et l’atezolizumab, afin de mieux lutter contre les résistances à ces traitements. Enfin, un troisième volet évaluera une nouvelle approche thérapeutique ciblant les fibroblastes grâce à un nouveau marqueur, ANTXR1, breveté par l’Institut Curie, et surexprimé dans les fibroblastes liés à la résistance aux immunothérapies.

De nouvelles perspectives pour l’essai PADA-1

Enfin, avec 83 centres impliqués en France et plus de 1000 patientes incluses, l’essai PADA-1, coordonné par le Pr François-Clément Bidard, impressionne par son ampleur, tout autant que par ses perspectives : il a démontré que l'on pouvait retarder très significativement l'évolution du cancer en cours d'hormonothérapie en détectant une mutation de résistance à l'hormonothérapie et en la ciblant par un changement de traitement. Les chercheurs veulent maintenant en savoir plus sur les implications cliniques de ces mutations du gène ESR1 et essayer de prédire quelles patientes pourraient développer de telles mutations.