Cancer du poumon : l’immunothérapie change la donne

18/05/2018
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L'immunothérapie ne fait que de montrer son potentiel pour transformer radicalement le traitement du cancer du poumon. De nombreuses pistes sont actuellement explorées à l’Institut Curie.

Consultation

L'immunothérapie, un traitement prometteur

Depuis 2017, le Pr Nicolas Girard est à la tête de l’Institut du Thorax Curie-Montsouris dont l’objectif est double :

  • Proposer un parcours de soins innovants pour tous les patients atteints de cancer du poumon.
  • Déployer la recherche, du clinique au fondamentale, sur les cancers du poumon.

Or dans ce domaine les nouveautés ne manquent. L’immunothérapie apparaît sans nul doute comme le traitement le plus porteur d’espoir. Et il semble faire preuve d’efficacité à plusieurs stades – localisé, avancé, avec métastases – du cancer. L’Institut Curie participe à plusieurs essais afin de confirmer les différentes possibilités de cette stratégie thérapeutique mais aussi mieux identifier les patients qui pourraient en bénéficier.

Des avancées à tous les stades de la maladie

Parmi les innovations en tête de liste lors du grand congrès américain sur la recherche sur le cancer (AACR qui s’est tenu du 14 au 18 avril 2018), figuraient de nouvelles révélations sur le potentiel l’immunothérapie. Administrée avant la chirurgie, soit en néo-adjuvant, l’immunothérapie – en l’occurrence le nivolumab – permettait d’obtenir une disparition quasi-complète des cellules cancéreuses pour près de la moitié des patients.

Autre résultat des plus prometteurs pour les patients atteints de cancers du poumon avancés cette fois-ci avec l’association de l’immunothérapie à la chimiothérapie classique : au bout d’un an, 70 % des 600 patients sont en vie et leur maladie ne progresse plus. « Actuellement avec la chimiothérapie seule, les chances de survie ne sont que de 50 % un an après le diagnostic ». Ce sont des résultats très encourageants, s’enthousiasme le Pr Nicolas Girard. Toutefois des études complémentaires sont nécessaires pour étayer ces données et identifier les patients qui vont répondre le mieux aux différentes immunothérapies. » Afin d’améliorer la qualité de vie des patients, un essai vise quant à lui à espacer les délais entre l’administration – un mois versus 2 semaines à ce jour –  de l’immunothérapie.

Pour les formes les plus avancées, un essai en cours actuellement à l’Institut Curie se propose de déterminer les bonnes associations et le bon moment pour l’administration des nouvelles immunothérapies disponibles. Le centre d’immunothérapie des cancers est une plateforme majeure dans ce contexte.

L’immunothérapie semble ainsi pouvoir restaurer l’activité du système immunitaire contre les cellules tumorales. Son action pourrait s’étendre au-delà de son administration, voire potentialiser l’effet d’un autre traitement. Il s’agit donc d’étudier en temps réel la tolérance et la réponse de différentes associations de chimiothérapie et d’immunothérapie chez des patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules à un stade avancé.

En ce qui concerne l’immunothérapie administrée avant la chirurgie, un essai est en cours en ce moment à l’Institut Curie chez les patients présentant un cancer non à petites cellules peu avancé. « L’objectif d’une administration néoadjuvante est d’abord de réduire la taille de la tumeur pour faciliter l’acte chirurgical, voire proposer une chirurgie à des patients pour lesquelles l’ablation n’était pas envisageable d’emblée, explique le pneumologue. Mais un avantage qui semble se profiler et qui doit être étudié, c’est la réduction du risque de rechute. » Car l’immunothérapie semble plus efficace que les chimiothérapies pour détruire les cellules tumorales résiduelles. D’où le besoin de poursuivre les essais cliniques pour valider ce bénéfice. L’interaction avec l’Institut Mutualiste Montsouris et ses équipes chirurgicales et pneumologique est alors cruciale pour que le parcours de soins des patients soit le plus optimal possible, avec une coordination indispensable à toutes les étapes de la prise en charge.

Les cancers rares thoraciques ne sont pas oubliés puisque plusieurs essais sont en cours d’ouverture pour évaluer l’intérêt de l’immunothérapie, dans les tumeurs du thymus et en cas de tumeur neuroendocrine. Le Pr Nicolas Girard coordonne, dans le cadre du réseau de référence EURACAN dédié à la prise en charge des cancers rares, une collaboration de près de 20 hôpitaux spécialisés dans la prise en charge de ces tumeurs, une opportunité supplémentaire pour ces patients souvent exclus des essais thérapeutiques.

L’immunothérapie s’associe à beaucoup d’espoir mais encore beaucoup de points à décrypter. « Il faut continuer à analyser en temps réel le système immunitaire, ses réactions et ses spécificités chez des patients présentant des tumeurs du stade précoce aux formes métastatiques. C’est une étape indispensable pour passer à une nouvelle génération d’immunothérapie, personnalisée en fonction de chaque tumeur et surtout de chaque patient. D’autres pistes sont également explorées, notamment les possibilités de combiner ces anticorps à d’autres immunomodulateurs afin d’obtenir une meilleure efficacité thérapeutique, » conclut le médecin.

L’espoir de l’immunothérapie contre le cancer

Avant la chirurgie, pour les formes localisées ou peu avancée

  • Réduire la taille de la tumeur et faciliter son ablation complète,
  • Proposer une chirurgie à des patients pour lesquelles elle n’était pas envisageable d’emblée
  • Réduire le risque de rechute. 

Après la chirurgie pour les formes avancées

  • Eliminer les cellules tumorales localement et à distance
  • Induire une réponse prolongée du traitement

Dans les formes métastasées

  • Enrayer la progression de la maladie
  • Potentialiser l’effet de la chimiothérapie