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Un nouveau facteur de pronostic dans le mélanome de l’uvée métastatique

31/03/2023
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Comment mieux définir le pronostic des patients après une résection des métastases hépatiques du mélanome uvéal ? Grâce à la prise en compte d’un marqueur différenciant : l’ADN tumoral circulant. C’est ce que vient de démontrer une étude, publiée dans l’un des meilleurs journaux de chirurgie, Annals of Surgery, et associant les équipes médicales et de recherche de l’Institut Curie.

Melanome-echo

Le mélanome de l’uvée, cancer oculaire pour lequel l’Institut Curie est le centre référent national, est une maladie relativement rare : 500 à 600 cas sont diagnostiqués chaque année en France. Parmi ceux-ci, plus de 30 % développeront une forme métastatique, en général au foie.

Seulement un quart d’entre eux peuvent être opérés pour une résection des métastases. Mais malgré cette sélection des patients les plus à même de bénéficier de la chirurgie – d’après des marqueurs comme l’âge, l’étendue de métastases, etc. – la durée de survie sans récidive hépatique est très courte, souvent de l’ordre de quelques mois. Nous avions donc besoin d’un autre marqueur pour améliorer nos pronostics.

Souligne le Dr Pascale Mariani, chirurgienne hépatique du service Chirurgie générale et digestive de l’Ensemble hospitalier de l’Institut Curie

L’ADN tumoral circulant lié à la survie sans récidive

Pour l’identifier, Pascale Mariani et ses collègues de l’Ensemble hospitalier (chirurgiens, oncologues, radiologues) se sont associés au laboratoire Biomarqueurs tumoraux circulants (BTC), du Pr François-Clément Bidard, ainsi qu’à l’équipe Réparation de l'ADN et mélanome uvéal (Inserm U830 / Université Paris Cité), dirigée par Marc-Henri Stern. L’idée : mener un essai clinique visant à évaluer la pertinence de l’ADN tumoral circulant (ctDNA) en tant que facteur de pronostic de survie pour les patients opérés.

Cet essai, de promotion Curie puisque conçu par les médecins de l’Institut, a débuté en 2016. Ses résultats viennent d’être publiés dans la revue Annals of Surgery.

Parmi 47 patients sélectionnés pour la résection de tumeurs métastatiques, nous avons montré que ceux qui ne présentaient pas de ctDNA avant l’opération avaient une durée de survie médiane sans récidive de 12 mois, contre 5,5 mois pour ceux qui en présentaient

Résume Marc-Henri Stern.

Vers de nouveaux essais cliniques

Numériquement, la survie globale est également réduite pour les seconds par rapport aux premiers.

Nous avons aussi observé qu’une détection de ctDNA dans le sang quatre mois après l’opération est corrélée à une durée de survie sans récidive plus réduite.

Ajoute Shufang Renault, responsable adjointe du laboratoire BTC

Pour le parcours du patient, cette découverte a des implications directes.

La détection ou non de ctDNA en préopératoire va être intégrée à la réflexion autour de la chirurgie. Elle va nous permettre de construire des essais cliniques périopératoires.

Annonce Pascale Mariani.

Visant par exemple à proposer une chimiothérapie ou une immunothérapie préopératoire aux patients ctDNA positifs pour essayer de prévenir la récidive rapide.

L’arrivée du premier médicament efficace, le Tebentafusp, ouvre des pistes de nouveaux essais cliniques, pour tester sa combinaison avec la chirurgie. La recherche autour du mélanome de l’uvée est en train de changer radicalement.

Note Marc-Henri Stern

Référence : P. Mariani et al., Circulating tumor DNA as a Prognostic Factor in Patients with Resectable Hepatic Metastases of Uveal Melanoma, Annals of Surgery (2023). DOI: 10.1097/SLA.0000000000005822

Illustration publication Pascale Mariani - mélanome uvée métastatique
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