Movember

L’Institut Curie sur tous les fronts de l’innovation pour mieux soigner les cancers des hommes

31/10/2025

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L’Institut Curie sur tous les fronts de l’innovation pour mieux soigner les cancers des hommes

Movember est le mois de sensibilisation pour la santé masculine et notamment les cancers de la prostate et des testicules. Ces cancers représentent plus de 63 000 nouveaux cas par an en France, celui de la prostate étant le plus fréquent. A l’Institut Curie, médecins et chercheurs sont engagés au quotidien dans la lutte contre les cancers masculins avec des programmes de recherche innovants et des prises en charge de pointe. L’occasion de faire le point sur les dernières innovations et les projets portés par ses équipes.

 

Qu’entend-on par cancers masculins ?

Le plus fréquent est le cancer de la prostate, avec près de 60 000 cas recensés en 2018 en France. Généralement rare avant 50 ans, son pronostic est favorable si le diagnostic est réalisé tôt. C’est par ailleurs le 3e en nombre de décès. 

A contrario, le cancer du testicule touche principalement les hommes jeunes (2 769 nouveaux cas en 2018). Avec une incidence en augmentation, son pronostic demeure relativement optimiste. Il est important de consulter son médecin dès qu’on sent une grosseur anormale au niveau d’un testicule. Avec un diagnostic précoce, ce cancer peut être soigné avec les traitements les moins lourds. Aujourd’hui, les efforts portent sur l’amélioration des protocoles de chimiothérapie et des critères de choix thérapeutiques pour les cancers avancés et métastatiques. 

 

Quant au cancer du pénis, il est le plus rare avec près de 450 cas recensés en 2018. Il touche principalement les hommes âgés et son pronostic est moins favorable. Source : INCa

 

L’Institut Curie, pionnier mondial dans le domaine pathologie numérique

Depuis près de trois ans, la pathologie est 100 % numérique à l’Institut Curie : toutes les lames issues des prélèvements de tumeurs des nouveaux patients sont numérisées. Les avantages sont nombreux parmi lesquels : l’utilisation d’outils d’intelligence artificielle pour affiner le diagnostic et faciliter les choix thérapeutiques mais également développer des projets de recherche. 

L’Institut Curie fait partie des premiers laboratoires universitaires au monde à utiliser ces solutions d’IA en pathologie : depuis près d’un an, les équipes de l’Institut Curie utilisent en routine l’IA pour le diagnostic du cancer de la prostate. 

« L’implémentation de ces outils dans notre service permet à nos équipes de gagner du temps, de fiabiliser nos résultats, de cibler les zones d’intérêt et renforcer l’exactitude de nos diagnostics, sans pour autant remplacer les médecins », précise Pr Yves Allory, chef du service de pathologie de l’Institut Curie, site de Saint-Cloud et chef d’équipe de recherche dans l’unité Biologie cellulaire et cancer (CNRS-Institut Curie-Sorbonne Université).


Vers une biopsie virtuelle de la prostate

Aujourd’hui, il n’existe pas de dépistage systématique du cancer de la prostate. C’est l’apparition de symptômes, comme les difficultés à uriner qui conduisent au dépistage, par dosage de l’antigène prostatique spécifique (PSA). En fonction des résultats, les patients doivent subir une biopsie, procédure douloureuse et anxiogène. Beaucoup d’effort de recherche vont vers le développement de méthodes moins invasives, pour améliorer la qualité de vie des patients lors de ces premières étapes.

Ainsi, parmi les pistes de recherche à l’Institut Curie, un projet sur l’imagerie IRM est mené par le Pr Yves Allory et le Dr Fanny Orlhac, chercheuse au sein du Laboratoire d’imagerie translationnelle en oncologie (Inserm/Institut Curie) dirigée par le Dr Irène Buvat. L’objectif de ce projet est double. 

« Le premier objectif vise à mettre au point une méthode pour identifier précisément, à partir des données d’imagerie IRM, le site à biopsier au niveau de la prostate. Aujourd’hui, pour maximiser la probabilité de bien biopsier la zone touchée par le cancer, l’aiguille prélève à plusieurs endroits différents (généralement plus de 5, parfois une dizaine), procédure stressante et inconfortable pour les patients », explique le Dr Irène Buvat. 

L’identification de la zone à biopsier par l’imagerie, déjà utilisée dans d’autres types de cancer, simplifierait ce geste invasif tout en garantissant la pertinence de l’échantillon prélevé pour statuer sur la maladie.  Le deuxième objectif de ce projet ambitieux consiste à identifier une signature IRM des cancers, en utilisant plusieurs mesures réalisables par IRM. 

Sur le très long terme, ces travaux pourraient permettre d’éviter la biopsie physique, et procéder ainsi à une biopsie virtuelle

« Nous travaillons dès-à-présent avec le Pr Thomas Walter, chef d’équipe de recherche dans l’unité Oncologie computationnelle (Mines/INSERM/Institut Curie), sur une annotation automatique des coupes anatomo-pathologiques : il en extrait des caractéristiques afin de prédire l’agressivité de la tumeur. L’idée est d’utiliser des approches similaires à partir d’images IRM, pour y identifier des signes macroscopiques suffisants pour caractériser la tumeur. Nous sommes aux premières étapes d’un processus long et très interdisciplinaire, fédérant cliniciens, bio-informaticiens, pathologistes, radiologues et chercheurs » conclut le Dr Irène Buvat, directrice du Laboratoire d’imagerie translationnelle en oncologie (Inserm/Institut Curie).

 

Vers un test urinaire non invasif pour le diagnostic du cancer de la prostate

A l’Institut Curie, le Pr Yves Allory et le Dr Antonin Morillon, directeur de l’unité Dynamique de l'information génétique : bases fondamentales et cancer (CNRS-Institut Curie) ont développé un test de diagnostic urinaire non invasif, rapide et robuste dédié à la détection précoce du cancer de la prostate. Ce test est actuellement évalué dans le cadre d’une étude clinique - baptisée HOPE - menée en partenariat avec l’Hôpital Henri Mondor et l’Institut Mutualiste Montsouris et incluant 118 patients, dont les analyses sont en cours.

 

Une prise en charge de pointe du cancer de la prostate à l’Institut Curie 

Pour le cancer de la prostate, seul le facteur de risque génétique a été identifié pour l’instant, à savoir la mutation du gène BRCA. L’Institut Curie, pionnier en oncogénétique, a mis en place une consultation dédiée depuis plusieurs années qui permet aux personnes à risque de bénéficier d’une prise en charge personnalisée. « La grande expertise de l’Institut Curie dans le diagnostic histologique et moléculaire est un atout essentiel pour distinguer ces cancers liés aux mutations BRCA pour lesquels nous disposons de nouveaux traitements ciblés, les inhibiteurs de PARP notamment, préconisés contre les formes métastatiques », explique le Pr Yves Allory.

Pour les patients atteints de cancer de la prostate, les traitements de références sont la radiothérapie, la chirurgie, la curiethérapie1 et l’hormonothérapie

« Concernant les évolutions de la radiothérapie, incontournable dans le traitement des cancers de la prostate, les traitements par radiothérapie stéréotaxique en 5 séances seulement sont aujourd’hui étendues aux hommes dès 60 ans. Le nombre de séances maximal, dans les autres cas, a par ailleurs été diminué à 20 maximum et ce sont plus de la moitié des patients sont ainsi concernés par ces changements de pratiques », explique le Pr Gilles Créhange, chef du département d’Oncologie radiothérapie à l’Institut Curie. 

A l’Institut Curie, la radiothérapie interne vectorisée (ou RIV) figure également parmi les options thérapeutiques pour les cancers de la prostate métastatique. Contrairement à la radiothérapie externe conventionnelle, cette technologie de médecine nucléaire consiste en des injections par voie intraveineuse de molécules radiopharmaceutiques qui se fixent spécifiquement aux cellules tumorales pour les détruire.

 

 [1] Curiethérapie : technique d’irradiation qui consiste à placer une source radioactive forte proche ou à l’intérieur d’une tumeur.

 

Les autres cancers qui touchent majoritairement les hommes : rein, vessie

Si les cancers des hommes regroupent les cancers de la prostate en premier lieu, on dénombre également des cancers des testicules et du pénis. Mais c’est aussi l’occasion d’évoquer deux autres types de cancers qui touchent notamment les hommes. 

 

Cancer de la vessie

On estime à environ 13 000 le nombre de nouveaux cas de cancer de la vessie diagnostiqués en France en 2018, dont 81 % chez l’homme. 

« Nous savons aujourd’hui que le principal facteur de risque pour le cancer de la vessie est la consommation de tabac. Cela pourrait expliquer l’atteinte prédominante des hommes, même si aujourd’hui ces tendances s’inversent, comme cela a été le cas pour les cancers du poumon », précise le Dr Mostefa Bennamoun, oncologue médical à l’Institut Curie. Dans le cas d’un cancer localisé agressif ou métastatique, le traitement standard a changé très récemment. Les patients reçoivent désormais une immunothérapie associée à un anticorps drogue-conjugué qui permet de délivrer le médicament au cœur de la tumeur, avec une plus grande efficacité.

Cancer du rein

Le nombre de nouveaux cas de cancer du rein en 2018 en France était estimé à 5 323, dont 67 % chez l’homme. Ce cancer touche deux fois plus les hommes que les femmes. « Pour le cancer du rein, les facteurs de risque identifiés sont principalement l’obésité et les troubles métaboliques, ainsi que le tabac dans une moindre mesure. Les traitements proposés sont désormais une combinaison d’immunothérapie ou d’immunothérapie associée à un traitement anti-angiogénique », précise le Dr Mostefa Bennamoun.
 

Dans le cadre de la reprise de l'Institut Mutualiste Montsouris (IMM) par l'Hôpital Foch et l'Institut Curie, à partir du 1er novembre 2025, le renfort des collaborations sur l'urologie est programmé. Ce développement s'appuie sur la grande complémentarité d'expertises entre les deux instituts : chirurgie urologique et robotique chirurgicale pour l'IMM et expertise en radiothérapie de la prostate et en anatomopathologie prostatique à l'Institut Curie.
 

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