EMMANUEL FARGE
- Chef d'équipe de recherche
Formé comme physicien (U-Paris7 Magistère, 1984-89), Emmanuel Farge s'est orienté en thèse vers la biophysique à l'Institut de Physique-Chimie-Biologie de Paris. Il y a travaillé sur la réponse élastique de la matière molle des membranes biologiques à la translocation trans-membranaire active biochimique des phospholipides ("flippase"), conduisant à une vésiculation de type endocytique sur des systèmes modèles mimétiques de liposomes (PhD, 1993; Farge et al Bioph.J. 1992).
En 1994, il a rejoint l'Institut Pasteur (professeur assistant de l'U-Paris 7, 1993), où il a montré le rôle moteur de l'activité "flippase" dans les forces de la vésiculation endocytique sur cellules vivantes (Farge, Bioph. J. 1995; Farge et al., Am J.Physiol, 1999).
Il a ensuite créé un groupe de jeunes chercheurs à l'Institut Curie en 1997 (Institut Universitaire de France, 99-04), dans lequel a été découvert le contrôle mécanique de l'expression génétique et de la différenciation cellulaire (Rauch et al., 2002).
Le groupe a en parallèle découvert l'induction mécanique de l'expression de la protéine Twist dans les futures cellules de la voie intestinale antérieure, contrainte et spécifiquement comprimée par le mouvement morphogénétique de convergence-extension, un processus vital requis pour le développement fonctionnel de l’intestin (Farge, Curr. Biol. 2003; Desprat et al. Dev. Cell. 2008).
Actuellement, le groupe d'Emmanuel Farge (Directeur de recherche Inserm, 2006) étudie les interactions entre les phénotypes biologiques moléculaires et mécaniques multi-cellulaires au cours de la morphogenèse embryonnaire et du développement tumoral. Cela inclue des effets collectifs cellulaires déclencheurs de la gastrulation induits par la mécanotransduction (Pouille, Ahmadi et al. Science Sign. 2009, Mitrossilis et al. Nat. Com. 2017), comme leurs implications dans la transition évolutive vers l'émergence du mésoderme chez les premiers bilatériens (Brunet, Bouclet et al, Nat. Com. 2013), ainsi que les mécanismes moléculaires qui sous-tendent la traduction de la signalisation mécanique en une signalisation de nature biochimique (Röper et al, eLife, 2018).
Les implications dans le domaine de la santé consistent en la réactivation de telles voies mécanosensibles embryonnaires ancestrales dans l'expression de gènes tumorigènes dans les tissus sains compressés mécaniquement par la pression de croissance exercée par les tumeurs voisines (Fernandez-Sanchez, Barbier et al, Nature 2015).