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- Nouvelle moisson d’ERC Synergy Grants pour l’Institut Curie
La nouvelle vient d’être annoncée par le Conseil européen de la recherche : trois projets impliquant des chercheurs de l’Institut Curie figurent parmi les lauréats des ERC Synergy Grants 2025 ! Les projets CenAGE (Drs Nicolas Manel et Daniele Fachinetti), PatCorg (Drs Stéphanie Descroix, Alexandre Baffet et Benoît Sorre) et GeneMotors (Pr Leonid Mirny) bénéficient chacun d’un financement allant jusqu’à 10 millions d’euros sur six ans. Ils s’attaquent à trois grands défis scientifiques : le vieillissement, le développement du cortex humain et la mécanique du génome.
Les ERC Synergy Grants, parmi les financements les plus prestigieux d’Europe, soutiennent des projets collaboratifs de haut niveau associant plusieurs chercheurs principaux autour d’une même question scientifique. Leur ambition : encourager des approches audacieuses et interdisciplinaires pour répondre à des défis scientifiques majeurs.
Ces subventions, d’un montant pouvant atteindre jusqu’à 10 millions d’euros sur une durée maximale de six ans, favorisent la complémentarité des expertises et la prise de risque scientifique. Trois projets incluant des chercheurs de l’Institut Curie figurent cette année parmi les lauréats 2025.
CenAGE : une nouvelle lecture du vieillissement
Le projet CenAGE propose d’explorer un aspect encore méconnu du vieillissement : le rôle des centromères, ces régions centrales des chromosomes responsables de leur bonne répartition lors de la division cellulaire. Longtemps éclipsés par d’autres structures comme les télomères (extrémités protectrices des chromosomes, dont le raccourcissement est associé au vieillissement), les centromères pourraient s’avérer être des acteurs clés du vieillissement cellulaire. Leur instabilité, récemment mise en lumière, contribuerait à l’instabilité génomique, à l’inflammation chronique et à la sénescence.
Pour y répondre, l’équipe combinera des approches de génétique, d’imagerie et de biologie cellulaire afin d’analyser la structure et la dynamique des centromères dans différents modèles expérimentaux, du niveau moléculaire à celui des tissus. Elle examinera également si des interventions visant à stabiliser les centromères peuvent freiner ces effets et ralentir le vieillissement cellulaire.
Ce projet est coordonné par le Dr Nicolas Manel1 (Inserm, Institut Curie), en collaboration avec le Dr Daniele Fachinetti2 (CNRS, Institut Curie) et le Dr Elsa Logarinho (Université de Porto, Portugal).
CenAGE est un projet d’une durée de six ans.
« Les centromères se révèlent être un candidat sérieux dans les mécanismes du vieillissement. Les étudier, c’est ouvrir une nouvelle voie vers la compréhension du déclin cellulaire », résume le Dr Nicolas Manel.
« Une question clé est de savoir comment l’instabilité des centromères affecte les cellules du système immunitaire, qui jouent un rôle central dans le vieillissement. Ce projet nous permettra d’y répondre expérimentalement », souligne le Dr Daniele Fachinetti.
PatCorg : reconstituer le développement du cortex humain
Le projet PatCorg s’intéresse à la formation du cortex cérébral, siège de fonctions cognitives supérieures, en reproduisant son développement grâce à des modèles in vitro tridimensionnels appelés organoïdes. L’objectif : comprendre comment les différentes aires du cortex se mettent en place et comment les neurones s’organisent en couches fonctionnelles, des processus essentiels à l’émergence des fonctions cérébrales et altérés dans de nombreuses maladies neurologiques.
Pour cela, le consortium développera de nouveaux dispositifs microfluidiques, des systèmes miniaturisés permettant de contrôler précisément les flux de liquides à très petite échelle. Ces outils permettront de recréer en laboratoire les conditions physiques et chimiques qui orientent la régionalisation et l’organisation du cortex au cours du développement embryonnaire. L’ambition est également d’améliorer la fidélité des organoïdes afin de mieux reproduire l’organisation du cerveau humain et d’offrir un outil plus précis et d’étudier le développement cérébral et ses dérégulations.
Le projet est dirigé par le Dr Alessandra Pierani (CNRS, Institut Imagine) et associe le Dr Stéphanie Descroix3 (CNRS, Institut Curie), le Dr Alexandre Baffet4 (Inserm, Institut Curie), le Dr Benoît Sorre5 (CNRS, Institut Curie) et le Dr Stéphane Nedelec (Inserm, Institut Jacques Monod).
PatCorg s’étendra sur cinq ans.
« Ce projet nous permet d’explorer, avec des outils nouveaux, des mécanismes clés du cortex humain encore mal compris », indique le Dr Stéphanie Descroix.
« En combinant biologie du développement, microfluidique et neurosciences, nous pourrons lever ces verrous et ouvrir de nouvelles pistes sur l’origine de certaines maladies neurologiques », ajoute le Dr Alexandre Baffet.
GeneMotors : explorer les moteurs moléculaires qui replient et animent le génome
Le projet GeneMotors explore la mécanique interne du génome. Il vise à comprendre comment les complexes protéiques SMC (Structural Maintenance of Chromosomes) fonctionnent comme des moteurs moléculaires repliant le génome en boucles. Ces moteurs jouent un rôle essentiel dans le repliement et la régulation du génome, mais leur mécanisme interne et leurs fonctions précises restent encore mal compris.
Mené sous la coordination du Pr Cees Dekker (Delft University of Technology, Pays-Bas), le projet réunit plusieurs spécialistes internationaux : le Dr Wendy Bickmore (Université d’Édimbourg, Royaume-Uni), le Dr Benjamin Rowland (Netherlands Cancer Institute, Pays-Bas) et le Pr Leonid Mirny6 (MIT, États-Unis / Institut Curie).
Ensemble, ils combineront des approches de modélisation biophysique, d’expériences sur molécule unique, de biochimie et de microscopie à haute résolution afin de comprendre comment ces moteurs fonctionnent, comment ils sont régulés et comment le processus d’extrusion de boucles par ces moteurs régule l’expression des gènes.
GeneMotors est un projet d’une durée de six ans.
« Ces moteurs moléculaires traduisent la physique en biologie : ils plient et régulent le génome à l’échelle du chromosome. En comprendre leur fonctionnement, c’est mieux saisir comment l’organisation physique de l’ADN influence la vie cellulaire », souligne le Pr Leonid Mirny.
[1] Directeur de recherche Inserm, chef de l’équipe Immunité innée (Inserm U932) à l’Institut Curie.
[2] Directeur de recherche CNRS, chef de l’équipe Mécanismes moléculaires de la dynamique des chromosomes (CNRS UMR144 / CNRS UMR3664 / Sorbonne Université) à l’Institut Curie.
[3] Directrice de recherche CNRS, directrice adjointe de l’unité Physique des Cellules et Cancer (CNRS UMR168 / Sorbonne Université) et cheffe de l’équipe Macromolécules et microsystèmes en Biologie et en Médecine (MMBM) (CNRS UMR168 / Sorbonne Université) à l’Institut Curie.
[4] Directeur de recherche Inserm, chef de l’équipe Biologie cellulaire de la neurogenèse des mammifères (CNRS CNRS UMR144 / Sorbonne Université).
[5] Chargé de recherche CNRS dans l’équipe Contrôle dynamique de la signalisation et de l'expression génétique (CNRS UMR168 / Sorbonne Université), dirigée par le Dr Pascal Hersen.

