Actualité - Sarcomes

Sarcomes : Des molécules prometteuses

26/08/2016
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La réunion annuelle du groupe français des sarcomes est l’occasion de passer en revue les dernières avancées sur les sarcomes des tissus mous et osseux. Après avoir dressé le bilan de la chirurgie, nous vous invitons à découvrir les nombreuses pistes médicamenteuses.

Activités de laboratoire de recherche

Activités de laboratoire de recherche

« Cette année a été marquée par les résultats prometteurs d’études testant de nouvelles molécules chez des patients atteints de sarcomes avancés » déclare d’entrée de jeu le Dr Sophie Piperno-Neumann, oncologue médicale, spécialisée dans la prise en charge des sarcomes osseux et des tissus mous. Elle enchaîne en citant l’essai clinique de phase 3 qui a comparé une nouvelle molécule, eribulin, par rapport au traitement standard, dacarbazine, chez les patients atteints de liposarcome ou de leiomyosarcome avancé ou métastatique traités (1). Au vu du bénéfice apporté par l’eribulin en termes de survie, ce traitement devrait courant 2016 se voir attribuer une autorisation de mise sur le marché pour traiter les liposarcomes, l’une des formes de sarcomes les plus fréquente chez l’adulte et qui se développent dans les cellules graisseuses, et les léïomyosarcomes qui touchent principalement chez les personnes âgées.

Autre avancée : L’addition d’olaratumab, un anticorps ciblé sur PDGFRα, au traitement classique par doxorubicin accroit de manière importante la survie des patients atteints de sarcomes des tissus mous avancés(2). « C’est la 1ère thérapie qui montre une telle efficacité en termes de survie, précise Sophie-Piperno-Neumann. L’essai de phase 2 a donc rapidement débouché sur un essai de phase 3 auquel l’Institut Curie a participé et donc les inclusions viennent de se terminer ».

En revanche, les résultats d’immunothérapie sont plutôt décevants pour les sarcomes. Aussi bien dans les essais européens qu’américains, l’anticorps monoclonal anti-PD1, le pembrolizumab, ne montre aucune efficacité. « Cela ne signifie pas pour autant que l’immunothérapie ne sera pas une solution thérapeutique dans les sarcomes, enchaîne l’oncologue médical. Il faut très certainement mieux comprendre les raisons de ces échecs pour pouvoir identifier les patients qui, eux répondront. »

De toute façon d’autres pistes sont d’ores et déjà explorées, comme les épidrogues, les molécules ciblées sur des mécanismes épigénétique. Ainsi le pédiatre Franck Bourdeaut est l’investigateur principal national d’un essai clinique de phase 2 chez les jeunes patients atteints de tumeurs rhabdoïdes, en coopération avec l’industriel EpiZyme basé à Boston (Etats-Unis), qui a synthétisé une molécule inhibitrice d’EZH2 capable de compenser la perte de la fonction de Smarcb1.

Sarcome osseux : des pistes thérapeutiques se confirment

Plus rares que ceux des tissus mous, les sarcomes osseux touchent une population plus jeune. Ainsi le sarcome d’Ewing survient chez l’enfant, l’adolescent et le jeune adulte. Pour les formes à haut risque, le consortium euro Ewing a montré les avantages d’une intensification de la chimiothérapie associée à une transplantation de cellules souches. Par contre chez les jeunes patients atteints de métastases uniquement pulmonaires, la radiothérapie bi pulmonaire ne semble pas apporter de bénéfice par rapport au traitement standard.

Quant aux ostéosarcomes, le Dr Sophie Piperno-Neumann au vu de l’étude qu’elle vient de publier dans Lancet Oncology (3) ne préconise pas l’ajout d’un bisphosphonate, le zoledronate, lors de la prise en charge des patients quel que soit leur âge et ce, malgré les résultats pré cliniques en faveur de cette molécule.

Les avancées se multiplient donc autour des différentes formes de sarcome. Toutefois qu’ils s’agissent de l’accès aux nouvelles pistes thérapeutiques ou à la chirurgie la plus performante, les spécialistes s’accordent sur un point : le bénéfice d’être pris en charge dans l’un des centres experts français comme l’Institut Curie.

A lire : un premier article faisait le point sur les avancées en chirurgie.

 

(1) Eribulin versus dacarbazine in previously treated patients with advanced liposarcoma or leiomyosarcoma: a randomised, open-label, multicentre, phase 3 trial. Schöffski P, et al.
Lancet. 2016 Apr 16;387(10028):1629-37. doi: 10.1016/S0140-6736(15)01283-0.

(2) Olaratumab and doxorubicin versus doxorubicin alone for treatment of soft-tissue sarcoma: an open-label phase 1b and randomised phase 2 trial. Tap WD, et al.
Lancet. 2016 Jun 9. pii: S0140-6736(16)30587-6. doi: 10.1016/S0140-6736(16)30587-6.

(3) Zoledronate in combination with chemotherapy and surgery to treat osteosarcoma (OS2006): a randomised, multicentre, open-label, phase 3 trial. Piperno-Neumann S, et al.
Lancet Oncol. 2016 Jun 17. pii: S1470-2045(16)30096-1. doi: 10.1016/S1470-2045(16)30096-1.