Florence Coussy

Cancer et fertilité : le point sur les connaissances

02/01/2019
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Chaque année en France, plus de 2500 femmes de moins de 40 ans développent un cancer du sein. Si les traitements sont efficaces dans la majorité des cas, leur conséquences potentielles sur la fertilité de ces femmes sont encore largement ignorées. Cancer, contraception et fertilité : le point sur les connaissances.

Cancer du sein : quels sont les effets de la chimiothérapie sur la fertilité et le cycle menstruel ?

Le cycle menstruel de la femme peut être perturbé par certains des traitements reçus contre le cancer du sein. Les conséquences sont souvent réversibles, mais ce n’est pas toujours le cas.

La chimiothérapie utilisée dans le cancer du sein peut être toxique pour les ovaires. Or, les ovaires ont deux rôles majeurs :

  • assurer la maturation d'ovocytes (c'est-à-dire les ovules), dont le stock représente la "réserve ovarienne"  et détermine la fertilité de la femme ;
  • synthétiser des hormones sexuelles qui régissent, entre autres, le cycle menstruel (= les règles).

Les ovocytes constituent un stock non renouvelable qui diminue au cours du temps. Chaque cycle menstruel entraîne la maturation d’ovocytes, dont un seul atteint généralement un stade de maturité complète : il peut alors être éventuellement fécondé par un spermatozoïde pour donner un bébé ! La fonction ovarienne diminue naturellement avec l’âge et la ménopause survient lorsque ce stock descend au-dessous d’un certain seuil. 

Les effets de la chimiothérapie sur l’ovaire sont variables en fonction de la dose et du type de traitement reçu. Ces effets varient en fonction de chaque femme, mais surtout en fonction de l’âge auquel le traitement est reçu. Plus les femmes sont âgées, plus la chimiothérapie comporte un risque d'arrêter leurs ovaires de manière définitive. Si la chimiothérapie peut accélérer le processus de diminution de la réserve ovarienne, l’évaluation de cette perte est difficile à quantifier.

Durant la chimiothérapie, certains signes peuvent apparaitre :

- les cycles peuvent devenir irréguliers voire s’arrêter. Des signes en rapports avec la carence en hormones sexuelles (mimant alors une ménopause) peuvent apparaître : bouffées de chaleur, sècheresse vaginale…  Cette interruption du cycle peut être transitoire ou définitive (=aménorrhée). L’âge est un déterminant essentiel du risque de ne plus avoir de retour de règles. Ainsi, une patiente de plus de 40 ans a plus de 50 % de risque d’aménorrhée définitive. Au contraire, pour les femmes âgées de moins 30 ans, le risque de perturbation du cycle menstruel est d'environ 30 %. Si les cycles s’arrêtent pendant le traitement, ils reviennent dans plus de 80% des cas.
Ces troubles du cycle peuvent donc être réversibles mais dans un délai variable après cessation de la chimiothérapie. Il n’est pas exceptionnel d’observer une récupération ovarienne dans les mois ou les années qui suivent la fin de la chimiothérapie.  Chez les patientes qui retrouvent des cycles, il est difficile de prévoir ce moment et les cycles peuvent parfois mettre plus d’un an à revenir ! La reprise de l’activité ovarienne est difficile à prédire, tout comme la reprise d’une ovulation efficace.

C’est pourquoi il est  important…

  • Face a la toxicité ovarienne de la chimiothérapie : de proposer une préservation de la fertilité aux jeunes patientes ayant un désir de grossesse futur
  • De maintenir une contraception efficace lors du traitement et à distance du traitement afin de pouvoir choisir le moment le plus adéquat pour une éventuelle grossesse. Cette contraception est indispensable même si les cycles ont disparu de manière transitoire. Les contraceptions hormonales sont contre-indiquées après un diagnostic de cancer de sein (la prise d’hormones au long court pourrait en effet stimuler la croissance du cancer) : une contraception mécanique (préservatif) ou par stérilet au cuivre est recommandée.