Cellule anomalies génétiques

Une cellule devenue sourde aux signaux extérieurs

12/09/2018
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Les mutations génétiques à l’origine d’un cancer portent parfois sur des récepteurs présents à la surface des cellules, ce qui perturbe les voies de signalisation.

« La cellule devient en quelque sorte autosuffisante. Elle se multiplie sans en avoir reçu l’ordre ou bien parce qu’elle ne perçoit plus l’ordre de mourir », résume le Dr Jacques Robert, spécialiste de la signalisation cellulaire à l’université de Bordeaux.

La découverte de certains de ces mécanismes a permis la mise au point récente de thérapies ciblées. C’est le cas dans les cancers du poumon :

15 % à 20 % de ces cancers ont une mutation sur le gène du récepteur EGFR, de sorte que les cellules n’ont plus besoin du signal correspondant pour se multiplier. La recherche scientifique a mis au point plusieurs molécules qui bloquent spécifiquement ce récepteur muté et freinent donc la prolifération cellulaire.

Aujourd’hui en France, la recherche des mutations sur le gène EGFR est systématique pour tous les cancers du poumon et permet un traitement par thérapie ciblée. Des
traitements contre l’EGFR existent aussi pour les cancers colorectaux. Il existe ainsi 47 thérapies ciblées dans 19 types de cancer et un grand nombre sont encore en essai clinique. Toutefois, de nombreuses formes de cancer ne bénéficient pas encore de thérapies ciblées, qui, le plus souvent, visent les situations avancées (cancers métastatiques).

Autre mécanisme cellulaire impliqué : la dédifférenciation. « Au sein d’une tumeur, certaines cellules perdent temporairement leur caractéristique tissulaire. Elles ne sont plus des cellules de la muqueuse pulmonaire, par exemple, ou du pancréas. Elles acquièrent alors des caractéristiques propres aux cellules souches, à savoir une survie et un pouvoir de prolifération
très puissants, ainsi que des capacités de mobilité anormales leur permettant de former des métastases, notamment », indique Alain Puisieux.

15 % à 20 % des cancers du poumon présentent une mutation du récepteur EGFR. Des thérapies ciblées existent aujourd’hui pour les patients porteurs de cette pathologie.

En résumé, comme l’explique le Dr Robert, « la cellule cancéreuse peut être vue comme une “cellule égoïste“ qui prolifère pour elle-même, en ne tenant plus du tout compte de son environnement et des signaux qui lui sont envoyés. »

Récepteurs perturbés