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Anticorps monoclonaux, l'immunothérapie contre le cancer | Institut Curie

23/03/2017
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"La première révolution a été la mise au point des anticorps monoclonaux il y a plus de vingt ans. Cette idée de fabriquer des molécules que le système immunitaire produit naturellement a permis à l’industrie pharmaceutique de proposer les anticorps comme des solutions thérapeutiques," note le médecin-chercheur Vassili Soumelis.

 

Bloquer la croissance

Les anticorps monoclonaux sont des molécules naturellement produites par le système immunitaire en vue de déclencher une attaque ciblée sur un danger déjà rencontré. Rapidement, il est apparu que, bien choisies, ces têtes chercheuses pouvaient non seulement repérer les cellules tumorales, mais aussi bloquer leur croissance. C’est le cas du trastuzumab (Herceptin®), un anticorps qui se fixe sur la protéine HER-2 présente à la surface des cellules tumorales chez environ 15 % des femmes atteintes d’un cancer du sein. Agissant comme un interrupteur, trastuzumab bloque l’action de son récepteur membranaire, ce qui inhibe la croissance tumorale. Il a largement amélioré le pronostic vital de ces patientes depuis le début des années 2000.

Des stratégies identiques ont été développées notamment pour le traitement des lymphomes, en utilisant le retuximab, pour les tumeurs ORL et du colon avec dans anticorps ciblant le récepteur de l’EGF (Epidermal Growth factor). Egalement la vascularisation nécessaire au développement peut être ciblée avec un anticorps ciblant le VEGF, vascular endothelial grothw factor (bevacizumab, AVASTIN®) pour bloquer la croissance de nombreuses tumeurs (poumon, sein, colon etc…)

Véhiculer les traitements

Autre idée qui commence à faire ses preuves : se servir des anticorps pour véhiculer une molécule thérapeutique - une chimiothérapie ou un produit radioactif.

"La présentation des résultats de l’essai EMILIA évaluant l’efficacité de la molécule T-DM1, couplant le trastuzumab à une chimiothérapie chez les patientes atteintes d’un cancer du sein surexprimant HER-2 a été l’un des éléments majeurs de la cancérologie en 2012", raconte Christophe Le Tourneau. Tout comme l'Herceptin®, T-DM1 se fixe sur HER2 et bloque la prolifération des cellules tumorales, mais en plus il délivre un agent chimiothérapique directement à l'intérieur ces cellules cancéreuses.

Cibler la voie de l’interleukine

L’interleukine 2 (IL-2) est déjà utilisée pour traiter certains cancers. L’équipe immunothérapie translationnelle d’Eliane Piaggio envisage d’utiliser des anticorps pour modifier la cascade de signalisation induite par IL-2 grâce à un financement de l’Agence Nationale de la Recherche. Dès qu’elle aura mis au point les premiers anticorps humanisés anti-IL-2, son équipe envisage d’étudier l’activation du système immunitaire par l’utilisation d’un complexe IL-2/anti-IL-2.

Les approches reposant sur des anticorps sont nombreuses et permettent d'envisager des nouvelles solutions pour le traitement des cancers. Autant de pistes qu’il faut explorer, développer et personnaliser grâce à la collaboration entre médecins, biologistes et chimistes. Les progrès viendront très certainement de l’association de plusieurs stratégies thérapeutiques.