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Les projets de recherche en cours sur les cancers urologiques

13/05/2020
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Cancers du rein, de la prostate, de la vessie... Tous font l'objet de travaux de recherche approfondis. Focus.

Rein : tester de nouvelles combinaisons thérapeutiques

La chimiothérapie n’a jamais été efficace pour traiter les cancers métastatiques du rein. Depuis une dizaine d’années, une thérapie ciblée de type antiangiogénique, c’est-à-dire qui empêche les tumeurs de former des nouveaux vaisseaux sanguins, a amélioré considérablement la prise en charge de ces cancers avancés. Elle est même devenue le traitement de référence en première ligne.

Mais il reste encore des formes agressives de cancers du rein métastatiques pour lesquelles nous devons faire des progrès. C’est pourquoi nous lançons cette année un essai clinique de phase I où une combinaison entre antiangiogéniques et immunothérapie va être testéeen première ligne.

explique le Dr Francesco Ricci, oncologue médical à l’Institut Curie.

De telles combinaisons ont en effet déjà montré des résultats encourageants. Cet essai international inclura des patients atteints de différents types de cancers métastatiques. « Il devrait être particulièrement intéressant pour les tumeurs urologiques comme le rein ou la prostate mais aussi le cancer de la thyroïde », précise l’oncologue. Les premiers résultats sont attendus pour l’automne prochain.

Un test urinaire pour éviter les biopsies inutiles

Le dépistage du cancer de la prostate repose actuellement sur le dosage sanguin du PSA et la palpation de la prostate. Mais seule la biopsie permet un diagnostic certain d’une tumeur. Or « la décision de prescrire ou non une biopsie est très variable d’un urologue à l’autre et, d’autre part, près de 50 % des biopsies se révèlent finalement négatives alors qu’ il s’agit d’un examen invasif et stressant pour le patient », explique Antonin Morillon, directeur de recherche à l’Institut Curie.

Avec son équipe, ce chercheur travaille à la mise au point d’un test facile à mettre en oeuvre et surtout qui permettrait d’affiner la sélection des patients pour lesquels une biopsie est nécessaire : le test Prostator repose sur la détection dans les urines d’une combinaison de plusieurs ARN non codant, en quelque sorte la « matière noire » de notre génome. Il a été mis au point grâce à de nouveaux outils de séquençage et des algorithmes innovants d’intelligence artificielle.

Nous avons démontré la preuve de concept de ce test, c’est-à-dire sa faisabilité. Grâce à un financement européen ERC-POC, nous allons désormais mener une étude sur environ 900 patients en France et outre-Atlantique afin de valider son intérêt et de déterminer si la combinaison de biomarqueurs utilisés permet de distinguer des sous-types de tumeurs associés à différents pronostics.

 précise Antonin Morillon.

Vessie : identifier des biomarqueurs prédictifs

En dépit de leur incidence élevée – c’est la 6e cause de cancer en Europe –, jusqu’à très récemment très peu d’études ont été réalisées pour mieux caractériser les tumeurs de la vessie et identifier de nouvelles cibles thérapeutiques. Ainsi, il n’existe aujourd’hui aucune thérapie ciblée utilisée en clinique ni aucun biomarqueur permettant de suivre l’évolution de la maladie ou de prédire le risque de récidive, et seulement 20 % des patients au stade métastatique répondent à l’immunothérapie. Voilà entre autres les raisons pour lesquelles la cohorte COBLAnCE a été mise sur pied en 2012. Environ 1 800 femmes et hommes atteints d’un cancer de la vessie vont être suivis pendant au moins six ans :

Nous collectons des informations épidémiologiques, cliniques, biologiques et génétiques sur chaque tumeur. Cela va nous permettre d’étudier par exemple les
différents types de tumeurs, leur évolution, et de voir s’il existe un lien avec le génome des patients, le mode de vie, la consommation de tabac blond ou brun, ou encore l’exposition professionnelle.

explique François Radvanyi, chercheur à l’Institut Curie et pilote du volet biologie moléculaire de ce projet.

Les différences entre cancers masculins et féminins vont aussi être analysées.

Actuellement, nous participons à l’amélioration de la classification moléculaire des tumeurs de la vessie qui n’envahissent pas le muscle (TVNIM, NDLR), afin d’être capables de mieux prédire leur risque évolutif.