Actualité - Cancers du sein

Cancer du sein : un nouvel indicateur du risque de récidive

30/04/2018
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Simple et rapide, la prise de sang, et en l’occurrence le taux de cellules tumorales circulantes, est en passe de devenir un allié de premier ordre pour prédire le risque chez les femmes atteintes de cancer du sein.

Laboratoire d'analyse du sang

« En amont de la chirurgie, certaines patientes atteintes de cancer du sein reçoivent une chimiothérapie néo-adjuvante et ce, afin de réduire les risques de rechutes et de dissémination, explique le Pr François Clément Bidard, oncologue médical à l’Institut Curie et professeur de médecine à l’Université Versailles-Saint Quentin. Malgré tout, le risque de rechute reste non négligeable. » A ce jour, il n’existe aucun moyen de distinguer les patientes qui vont récidiver des autres. « L’un des objectifs de notre projet était de rechercher de nouveaux biomarqueurs pronostiques chez ces patientes », ajoute-t-il.

Faire parler les données existantes

A cette fin 21 études internationales dans lesquelles le taux de cellules tumorales circulantes (CTC) avait été analysé ont été rassemblées et mises en commun. Les CTC sont des cellules qui ont « quitté » la tumeur d’origine et circulent dans le sang, avec la capacité pour certaines d’entre elles de s’implanter dans un nouvel organe pour former des métastases, voire revenir sur le lieu d’origine pour engendrer une rechute. Il avait déjà été observé par les équipes de l’Institut Curie que le nombre de ces cellules était particulièrement élevé dans les cancers du sein inflammatoires, forme rare mais agressive de cancer du sein. Mais les spécialistes de ces biomarqueurs circulants ne cessent de leur découvrir de nouvelles utilisations.

« Seules des méta-analyses qui combinent les résultats d’études indépendantes mais effectuées selon un protocole reproductible permettent de tirer des conclusions fiables sur la valeur des biomarqueurs, » explique le Pr Bidard coordinateur de l’étude. Il s’agit donc de vérifier et compiler des grandes quantités de données pour les faire parler.

Au vu de leur étude la conclusion est sans appel : le nombre de CTC présentes dans le sang des patientes atteint de cancer du sein et traitées par une chimiothérapie néo-adjuvante est révélateur du risque de récidive locale ou à distance et un indicateur de survie. 

En tout ce sont les données de 2030 patientes traitées dans 16 centres différents au Japon, aux Etats-Unis ou en Europe qui ont été passé au crible. 25 % des patients présentaient au moins 1 cellule tumorale circulante avant la chimiothérapie néo-adjuvante. Le nombre de CTC détectées influe sur la survie, la survie sans récidive et le temps avant une rechute : plus le nombre de CTC est élevé, moins bon sera le pronostic. En conclusion, chez les femmes atteintes de cancer du sein et traité avec une chimiothérapie néo-adjuvante, la détection de CTC dans le sang est un indicateur clé du taux de survie, complémentaire et indépendant des autres facteurs pronostics déjà identifié, à savoir la réponse au traitement et les caractéristiques biologiques de la tumeur.

A ce jour la pertinence des chimiothérapies néo-adjuvante est souvent mise à mal en raison du peu de corrélation entre la réponse de la tumeur et la survie à long terme des patients, les CTC pourraient apporter des informations supplémentaires quant à son indication et, ce pas uniquement dans les cancers du sein. C’est aussi une nouvelle preuve de l’importance des biomarqueurs circulants.

ADNt et CTC à quoi ça sert

 

 

Circulating tumor cell in breast cancer patients treated by neoadjuvant chemotherapy: a meta-analysis

François-Clément Bidard et coll.

JNCI: Journal of the National Cancer Institute, djy018, https://doi.org/10.1093/jnci/djy018