Syndrome de Bloom : une maladie rare, mais des découvertes universelles

On ne connaît qu’environ 200 patients atteints du syndrome de Bloom dans le monde, et l’Institut Curie est l’un des rares centres à en faire le diagnostic moléculaire dans le service de génétique oncologique dirigé par le Pr Dominique Stoppa-Lyonnet.
Chez ces malades, le gène à l’origine de la production d’une protéine appelée hélicase BLM est déficient. Cette enzyme, qui est essentielle pour maintenir la stabilité du génome, ne peut alors plus accomplir ses différentes fonctions comme, par exemple, relancer la réplication de la double hélice d’ADN lorsque celle-ci est stoppée pour une raison quelconque. L’absence d’une protéine BLM fonctionnelle entraîne de nombreuses anomalies cellulaires, et en particulier des dommages spontanés de l’ADN. Les patients souffrent, entre autres, de problèmes immunitaires et ont un risque majeur de développer des cancers.
Les équipes de Nicolas Manel et de Mounira Amor-Guéret à l’Institut Curie, avec celle de Yanick Crow de l’Institut Imagine (hôpital et centre de recherche sur les maladies génétiques à Paris), ont découvert qu’en absence de l’hélicase BLM, des gènes de l’immunité innée sont stimulés en permanence. L’immunité innée est un système de défense de l’organisme qui permet de lutter contre les pathogènes en détectant notamment de l’ADN dans un compartiment cellulaire particulier, le cytosol. Les auteurs montrent également que l’expression de ces gènes, appelés ISGs, est amplifiée par les dommages de l’ADN et est également augmentée dans le sang des patients atteints du syndrome de Bloom par rapport à des individus contrôles.
C’est la première fois qu’un rôle de l’hélicase BLM dans la limitation de l’induction des ISGs est révélé, établissant une connexion insoupçonnée entre syndrome de Bloom et immunité innée. Et rien n’aurait été possible sans la collaboration de nos trois équipes et la mise en commun de nos compétences respectives.
commente Mounira Amor-Guéret.