Actualité - Cancers du sein

Fatima Mechta-Grigoriou : son engagement contre les cancers du sein récompensé

30/05/2018
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Mieux comprendre la maladie pour aider les patients atteints de cancer, tel est le leimotiv des recherches de Fatima Mechta-Grigoriou. Et les découvertes sont au rendez-vous, ce qui qu’honore le Grand Prix de la Fondation Simone et Cino Del Duca/Institut de France qui lui est remis le 30 Mai.

Fatima Metcha-Grigoriou

Essentiel à notre survie, l’oxygène possède aussi une face cachée plus néfaste à l’organisme : dans l’unité de base qui compose chacun des êtres vivants, la cellule, il produit des molécules capables d’endommager les composants cellulaires et notamment le matériel génétique. Appelé stress oxydant, ce phénomène constitue le cœur des recherches de Fatima Mechta-Grigoriou, directrice de recherche Inserm et chef de l’équipe Stress et cancer (labélisée Ligue nationale contre le cancer) à l’Institut Curie depuis plusieurs années. C’est pour honorer ses nombreuses découvertes dans ce domaine que la Fondation Simone et Cino Del Duca/Institut de France a souhaité lui remettre son grand Prix 2018.

Le Stress oxydant, le Dr Jeckyl et Mr Hyde de la biologie

Avec son équipe elle a tout d’abord mis au jour qu’un stress oxydant chronique accélère le vieillissement, avant de se pencher plus spécifiquement sur ce phénomène dans les cellules tumorales. « Nous avons montré qu’un stress oxydant chronique stimule la croissance tumorale et la dissémination métastatique en modifiant en profondeur le micro-environnement tumoral, dont les vaisseaux sanguins et les fibroblastes, les cellules de soutien qui forment la trame de tous les tissus, explique-t-elle. » Grâce à la proximité de l’Ensemble Hospitalier, et à une collaboration avec le Dr Anne Vincent Salomon, chef du département médecine diagnostique et théranostique, elle a pu confirmer ces résultats dans des prélèvements issus de patientes atteintes de cancers du sein invasifs type HER2.

Depuis Fatima Mechta-Grigoriou n’a de cesse de mieux comprendre les cancers et tout particulièrement les cancers du sein triple négatif (TN) pour lesquels aucune thérapie ciblée n’existe à ce jour. « De façon intéressante, si un stress oxydant stimule le développement tumoral, il favorise aussi la réponse à la chimiothérapie de type taxanes, fréquemment utilisée pour traiter les patientes atteintes de forme avancée de cancer de l’ovaire ou du sein TN » note la chercheuse. Mais toutes les patientes ne répondent à la chimiothérapie. La raison : la protéine H2AX. Ce marqueur de la sensibilité à la chimiothérapie chez les femmes atteintes de cancer du sein TN est une des autres découvertes de son équipe.

La quête d’un traitement pour les cancers du sein triple négatif

Fatima Mechta-Grigoriou et son équipe ont aussi montré que prescrire la chloroquine, un antipaludéen inhibant l’autophagie, en complément des chimiothérapies – à l'exception des taxanes – chez les patientes atteintes de cancer du sein TN permet d’accroître leur efficacité.

Récemment elle s’est attaqué à un autre énigme : la résistance à l’immunothérapie de ce cancer du sein. Et là aussi, elle a pu découvrir un nouveau coupable : « Ce sont des cellules normales de l’organisme, des cellules de soutien dites CAF-S1 qui inhibent l’activité anti-tumorale du système immunitaire et pourrait expliquer l’inefficacité des anticorps qui ciblent la voie de signalisation PD1/PD-L1, l’une des pistes les plus prometteuse en immunothérapie à ce jour, » décrit-elle déjà tournée vers l’avenir et les solutions pour contrecarrer cet état de fait.

Expert de la prise en charge du cancer du sein, l’Institut Curie a fait du cancer du sein TN l’un de ses combats prioritaires. Fatima Mechta-Grigoriou chapeaute d’ailleurs avec la spécialiste du cancer du sein, le Pr Martine Piccart, le projet médico-scientifique dédié à cette thématique à l’Institut et qui vise encore à rapprocher encore plus chercheurs et médecins pour accélérer la mise à disposition des dernières avancées thérapeutiques aux patientes.

FMetcha-Prix Del Duca